La question de l’incertitude a déjà fait l’objet de réflexions et d’échanges dans les recherches en sciences humaines et sociales. Elle a aujourd’hui une place centrale dans toutes les sphères de nos vies, ce qui nous invite à repenser nos manières de faire avec cette question.
Simultanément, bon nombre de modèles et discours (politiques, publics, scientifiques, technologiques, méthodologiques, éducatifs...) véhiculent l’idée — ou réactivent le fantasme — d’un contrôle accru des individus sur le monde et sur eux-mêmes. De ce point de vue, l’activité humaine ne peut-elle pas être envisagée parfois comme une tentative toujours renouvelée d’éviter l’incertitude, en s’efforçant de donner du sens ou une forme aux événements que nous vivons?
Ces événements font irruption dans la vie des sujets singuliers — dans leur espace psychique —, dans les collectifs (dans les groupes et les institutions), dans les sociétés mondialisées (crises, conflits, pandémie, etc.) avec une force traumatogène qui s’impose à tous. Ils peuvent avoir l’effet d’une effraction psychique temporairement ou durablement immaîtrisable, provoquer des phénomènes de déliaison entre réalités extérieure et intérieure, voire de la sidération. Avec des intensités différentes selon les cas, les vulnérabilités plus profondes se manifestent.
Face à l’incertitude, chacun peut alternativement y trouver l’opportunité d’un jeu, une source de créativité et de changement, ou se réfugier dans le déni, processus défensif favorable au maintien d’un sentiment de maîtrise.Dans un tel contexte, la question du lien (aux autres, à soi) est remaniée, voire vécue elle-même comme incertaine. Quels effets sur le(s) rapport(s) au(x) savoir(s)? Sur les identifications? Sur les liens de filiation et d’affiliation? Quel(s) lien(s) avec le passé? Comment être en lien avec le présent?
À l’occasion de ce congrès Cliopsy, nous entendons réexaminer, dans le champ de l’éducation et de la formation, les notions de filiation et d’affiliation au prisme de la question de l’incertitude.
Claudine Blanchard-Laville, Université Paris Nanterre Louis Marie Bossard, Université Paris Nanterre Françoise Bréant, Université Paris Nanterre Arnaud Dubois, Université de Rouen Laurence Gavarini, Université Paris 8 Patrick Geffard, Université Paris 8 Narjès Guetat-Calabrese, Université Paris Nanterre Marc Guignard, Université Lyon 2 Mej Hilbold, Université Paris 8 Véronique Kannengiesser, Université de Picardie Antoine Kattar, Université de Picardie Laure Lafage, Université Paris Nanterre Leandro de Lajonquière, Université Paris 8 François Le Clère, Université Paris 8 Sophie Lerner-Seï, Université Paris Descartes Caroline Le Roy, Université Paris 8 Dominique Méloni, Université de Picardie Bernard Pechberty, Université Paris Descartes Ilaria Pirone, Université Paris 8 Alexandre Ployé, Inspé-Université Paris Est Créteil